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Citations de Jean-Paul Enthoven (76)


- C'était qui Camus ?
- Un homme magnifique, un grand esprit, un dragueur qui ne résistait pas aux jolies filles… Camus, c'était l'homme le plus vivant que j'aie jamais rencontré… Ah, si on l'avait écouté ! Et si on avait été plus nombreux à lui ressembler un peu... C'était mon ami... Il aimait la philosophie, le soleil, la mer, le théâtre... Le contraire d'une mauvaise personne, comme dirait Edmond... Un type adorable qui aurait pu réconcilier tout le monde... Il a même eu le prix Nobel, mais ça n'a servi à rien... Et puis, l'année dernière, il est mort dans un accident de voiture... Il me manque... Il manque à tous les gens qui ont aimé ce pays et qui savent qu'ils devront le quitter...
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Recevoir la visite de Marcel (Proust) au sortir de ma mort provisoire était un privilège. J’ai été heureux de vérifier que mon héros ressemblait en tous points, pour l’œil et l’oreille, à l’individu que j’ai toujours imaginé. Je suis heureux, aussi, qu’il connaisse ma mère. Rien ne m’interdit de supposer qu’ils se fréquentent désormais…
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*Ne vous laissez pas habiller par la tristesse ou la solitude. Ce ne sont pas des tenues pour vous.
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Dans cet amour,comme dans tant d'autres,Max et Marion aimèrent d'abord l'amour dont ils étaient l'objet.
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Une phrase (de qui?) lui revint en mémoire:

L'avenir nous tourmente,
Le passé nous retient,
Le présent nous échappe.

Il la rectifia pour en faire la maxime de sa fin de journée:

L'avenir me tente,
J'oublie le passé,
Le présent m'attend.

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A propos de Giono (encore un Jean), il m’arriva jadis, par enthousiasme et melvillisme incandescent, de lui rendre visite à Manosque, grâce à l’entremise de la fille d’un notaire local à qui il témoignait de la sympathie et dont la rumeur provençale laissait entendre qu’elle était peut-être sa fille...
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N'importe quelle femme (sexuellement active ou,à fortiori,inactive)n'est jamais mécontente,même si elle clame le contraire,d'être l'objet d'un désir,voire d'un amour,exprimé par un individu dont l'impatience,affectée ou sincère,flatte sa satisfaction narcissique.
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Certains êtres attirent la passion comme certains objets attirent la foudre. Ces êtres, par vocation reçoivent leur magnétisme d'une aptitude particulière à s'échapper, à déjouer toute intention de capture, à se placer hors d'atteinte dès que l'on tente de les emprisonner dans un désir ou un sentiment. Ce qui aimante, chez eux, c'est leur façon d'exprimer une plénitude qui ne s'encombre pas des émotions qu'ils inspirent et dont on voudrait qu'il tiennent compte. Par une ferveur injuste, ces êtres se suffisent à eux-mêmes tandis que les autres, pour une raison inverse brûlent à leur contact et n'aspirent qu'à se compléter de leur existence. Ils donnent l'impression que le destin les a remplis et ceux qui s'en éprennent se croient inachevés tant qu'ils ne se sont pas appropriés leur mobilité.
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S’il est admis que Proust, dans sa grande querelle Contre Sainte-Beuve, entendait que l’on jugeât l’œuvre d’un écrivain sans se soucier de la vie de son auteur, il serait charitable de le plaindre – tant il est devenu la victime exemplaire de la méthode critique qu’il avait entrepris de disqualifier… À croire que Sainte-Beuve, ce complice des indiscrets, s’est vengé depuis son outre-tombe en bénissant par avance la proustologie, devenue un genre en soi, qui lâche chaque jour ses meutes savantes ou policières sur les secrets d’un artiste dont les sept volumes d’À la recherche du temps perdu se promettaient d’être le somptueux paravent.

Désormais, de l’Université aux salons, l’usage exige que l’on inspecte sous tous les angles les plaisirs et les jours du pauvre Marcel. Partout, on interroge ses pelisses, ses fumigations, sa correspondance, ses amitiés, son asthme, ses ambitions. Et partout, on radiographie ses goûts picturaux, sexuels, musicaux, gastronomiques, floraux, littéraires.
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Pour les "proustiens"
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Marcel se garda bien, sa vie durant, d’affirmer ou de nier l’existence de Dieu. Prudent, il n’en parlait jamais, et la Recherche fait écho, si l’on peut dire, à son silence – ce qui chagrina tant le pieux Mauriac qui réclamait, au moins, un seul saint pour racheter l’enfer proustien.

À Maurice Duplay, son camarade de l’époque des Champs-Élysées, Marcel confia un jour : « La question de l’au-delà échappe à notre connaissance. Et si Dieu existe, il a interdit à l’homme de le savoir. En sorte que croire en lui serait enfreindre ses ordres, et l’offenser, et cueillir une seconde fois le fruit défendu… »

C’était là, pour l’essentiel, un résumé de la métaphysique de Renouvier, avec lequel il se familiarisa sans doute à travers l’enseignement d’Alphonse Darlu, son professeur de philosophie à Condorcet. Donc : pas de Dieu dans la Recherche, ni de recherche de Dieu.

La Recherche ? Un chef-d’œuvre passionnément laïc.
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La plupart des êtres qui s'allongent sur un divan y guettent moins leur guérison, ou qelque autre bénéfice secondaire, que la preuve qu'ils n'étaient PRESQUE pour rien dans le mal qu'ils ont fait ou subi.
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... la Recherche est une œuvre que tout proustien respectable doit lire au moins quatre fois dans son existence. D’abord, et par bribes, à l’adolescence, quand il n’a que l’intuition des vérités que ce livre recèle. Puis, si la littérature devient sa grande affaire, afin de satisfaire aux exigences d’un cursus. Quand, par la suite, survient son premier chagrin d’amour, il trouvera dans la jalousie de Swann, la décrépitude de Charlus, ou le cycle d’Albertine une profondeur, une puissance consolatrice, que les deux premières lectures ne lui avaient guère permis d’entrevoir. La quatrième lecture enfin, celle du dernier âge de la vie, sera, pour qui y consent, la plus décisive puisque tout, au crépuscule, se dépouille des petits enjeux de vanité ou de conquête.
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Les hommes croient toujours qu’ils ont gagné la partie dès qu’une femme est heureuse. Ils ne savent pas que le bonheur lui-même peut effrayer…
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[…] Les livres sont, comme Dieu pour ceux qui ont la chance d’y croire, des assurances vie, des boucliers magiques, des cuirasses, des remparts à l’abri desquels on peut parfois ne pas mourir...
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Michel (Berger) a été mon premier mort. Enfin, le premier qui, dans ma vie, fût mort avant l’heure. Mes autres morts, mes morts d’avant lui, étaient parti aux horaires corrects et prévisibles. Mais, c’est grâce à Michel que j’ai admis la possibilité des grands départs que rien n’annonce…
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La voix inquiète d'un muezzin brisait alors, toujours à la même heure, cette harmonie de l'aube. Et cette voix, vomie comme une lave, hurlait qu'il fallait craindre Dieu en ce jour nouveau, et lui sacrifier le sommeil et le plaisir. Bientôt, un autre muezzin, perché sur une autre mosquée, rameutait les fidèles d'un quartier voisin, et sa lamentation montait dans le ciel comme un écho funèbre. J'avais du mal à prendre au sérieux ce duo de crooners mystiques.
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Le rire est un fin diplomate. Il peut, en pur émissaire de la joie, conjurer sur-le-champ colère, reproches et prudence. Il possède, à ce titre, le don bienfaisant d'orienter le cours de deux existences dans une direction opposée à celle des rieurs, avant de rire, étaient certains d'avoir choisie.
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L'amour, dans sa variante la plus destructrice veut débusquer, à travers la finitude d'un être, l'infini qui lui est nécessaire et qui, sans doute n'existe pas. C'est pour cela qu'il est d'abord une promesse d'échec.
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Certains êtres sont parfois des virtuoses involontaires de l’instrument que nous sommes. Et ils le sont parce qu’un don mystérieux leur a offert un accès immédiat, presque violent, à ce que, d’ordinaire, nous dissimulons.

Ces êtres, que nous identifions à peine quand le hasard nous met en leur présence, jouent d’instinct de cet instrument, donc de nous-mêmes. Rien, pourtant, ne les a préparés à l’exercice auquel ils vont exceller sans le savoir.

Parfois, ils y prennent du plaisir. Parfois, ils s’en acquittent sans y songer. Comme des despotes qui se sentent obligés d’être despotiques, par conformité à leur nature, et presque à leur insu.

Ces êtres sont redoutables car ils vont nous gouverner avant même d’avoir pris la peine de le vouloir. Leurs mots, leurs gestes, leurs pensées, leurs actes, vont pincer notre sensibilité avec un doigté si habile que nous les regarderons, malgré les douleurs qu’ils nous infligent, et bien qu’ils nous aient rendus étrangers à nous-mêmes, comme les meilleurs interprètes de ce que nous sommes en secret.

En les associant à ce que nous avons de plus inaccessible et de plus inconscient, nous chérissons alors, malgré tout, le sort qui nous a précipités entre leurs mains.

Et nous aimons à la folie l’illusion qu’ils nous procurent d’être compris, ainsi que les doses de ravissement qu’ils ont versées dans notre existence – en même temps qu’ils y ont versé leurs doses de venin.
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