La pente secrète des avenues ramène d'elle-même malignement vers la touffeur du hallier central : forêt labyrinthe, à la voirie trompeuse et non innervée, qui semble machinée tout entière autour d'une chambre secrète : quiconque fait l'expérience de se laisser aller en aveugle au hasard des allées se retrouve naturellement empelotonné dans le cocon de la forêt-piège, et, s'il ne dispose d'un plan ou d'une boussole, ne saurait s'en extraire à moins des cailloux du Petit Poucet.
Julien Gracq
Carnets du grand chemin