Même quand les symboles ne sont pas soulignés et quand le lecteur, un enfant le plus souvent, ne peut rapporter les images à des systèmes compliqués, on sent bien que le conte ne dit pas tout ce qu’il a à dire sur le plan psychologique ; son charme naît surtout, pour certains, de son mystérieux poétique, en partie seulement déchiffrable, car l’intelligibilité complète est contraire aux règles de l’art.
(L’Esthétique des contes, Bucarest, 1965)
La pastèque
Ô, pastèque, énorme émeraude
Grandie sur la terre chaude,
Vase issu de persanes mains
Et taillé en méridiens,
Auquel, aux soirs de lune neuve,
Les faisans et les paons s'abreuvent,
Verte mitre, émail d'apparat,
Immense et suave cédrat,
Peinte un jour, ô, noix de coco,
Par un Aztèque à Tezcoco,
Digne fruit des cèdres géants
De la patrie des éléphants,
Miel d'Hymette en rayon sphérique,
Vase à sorbets, en majolique,
Écrin planétaire où reposent
Des châles turcs en noir et rose ;
Tu suces leur rouge aux rubis
Au cœur de la mine enfouis
Et leur goudron aux minerais,
Pour tes brillants pépins de jais.
Des massifs aux ambres défunts
Tu extrais tes rares parfums
Et le long de tes sarments passe
Le doux suc que tu prends aux glaces.
Ta tige rampante accommode
Maintes sèves des antipodes
Et ta chair est poème à la
Lumière du Guatemala.
(traduction en français Annie Bentoïu)
[« Cœurs cicatrisés » de Max Blecher] apparaît comme une imitation de « Der Zauberberg » (La Montagne magique) de Thomas Mann. En lieu et place du sanatorium alpin accueillant des malades atteints de tuberculose pulmonaire, nous avons devant nous un sanatorium maritime [Berck-sur-Mer, en France] des malades atteints de tuberculose osseuse. Comme chez Thomas Mann, les malades mènent une vie individuelle et complète dans un univers qui leur est propre. Tout ce qui relève de la physiologie est remarquable. De ce point de vue, le roman constitue un reportage de grande qualité. L'application du plâtre, la souffrance du malade d'être momifié vivant, le prurit, la crasse inhérente, les fistules, sont autant de moments dramatiques qui dévoilent un triste aspect de l'existence. Mais lorsque le romancier se met à romancer, il devient absurde, et lorsqu'il tombe dans l'érotisme, vraiment répugnant.
(p. 966 de l'édition de 1982)
Félix dévala l'escalier comme un fou, entra dans toutes les pièces et découvrit Marina à la cuisine.
–Où est mademoiselle Otilia ? lui demanda-t-il.
–Comment, vous ne savez pas ? Elle est partie au petit matin, en voiture, avec ses valises et tout, Dieu sait où.
Félix resta longtemps dans un état de prostration totale. Puis, se remettant un peu, il sentit le besoin de courir, erra à travers les rues, poussa jusqu'à la Chaussée [Kisseleff], et se décida finalement à aller chez Pascalopol. Il y appris que celui-ci était parti pour Paris avec « mademoiselle ». Deux semaines plus tard, il recevait une carte postale illustrée où il lut ces lignes :
« Celui qui a pu faire preuve d'une telle maîtrise de soi est également capable de vaincre un amour qui n'est pas fait pour son grand avenir.
Otilia»
Félix ne devait plus jamais revoir Otilia.
(extrait du dernier chapitre)
Trăind în universul său, Eminescu n-a fost nicicînd atras de luminile marilor orașe, de moliciunile și estetismul claselor de sus. Hoinar din fire, nu numai a trăit, de nevoie, în haine destrămate și sub tavane scunde și coșcovite de apa ploilor, dar a început a simți o plăcere nu lipsită de amărăciune în a cultiva propria mizerie, confundînd voluptățile simple ale naturii cu noroaiele și cu bureții vieții.
Non
« M’aimes-tu ?» demandai-je à Til, en l'étreignant.
Noyant mon visage dans ses cheveux, riant elle me dit : non.
« Songe bien à ce que tu dis », ai-je crié, le visage vers la lune.
Les dieux sont témoins là, dans les étoiles, les yeux fixés sur nous.
Til scruta de son regard bleu comme la mer,
Souriant, douce et candide, à nouveau dit : non.
« Veux-tu que je sois Agamemnon, Alexandre ou quelques autre héros mythique,
Veux-tu Troie, veux-tu Thèbes ? Me veux-tu sabre au clair ? »
Grandiose était la nuit, le chant des planètes s’entendait.
Til caressant ma crinière, à nouveau dit : non
Je jouai doucement des doigts par les airs comme sur une lyre,
Des plaintes déchirantes de bêtes s’élevèrent par les forêts.
« Tu sais comme Orphée a pleuré, en perdant Eurydice.
Plus atroce sera ma douleur si tu me réponds : non »
Til mit ses bras autour de mon cou, sa tête sur mon épaule,
Bougeant à peine ses lèvres, comme un écho murmura : non.
(traduction en français par Aurel George Boeșteanu)
Arta scriitoarei constă în surprinderea dramelor ascunse sub calmul convenţiilor mondene, a murdăriilor lustruite. Din acest punct de vedere se poate vorbi de Proust. Acela zugrăvea mai ales aristocraţia, o clasă unde relaţiunile indivizilor sînt prea mult excerciţiu ereditar, inaparente, protocolare, şi în care preocupărilor vitale li s-au substituit de mult cazuri de conştiinţă măruntă, puerile. [L’art de la romancière consiste à surprendre les drames cachés sous le calme des conventions modernes et sous le vernis des perfidies. De ce point de vue on peut parler de Proust. Celui-ci peignait surtout l’aristocratie, classe dans laquelle les relations entre individus sont, par trop d’exercice héréditaire, inopérantes, protocolaires et où les préoccupations vitales ont été remplacées depuis longtemps par de menus et puérils cas de conscience.] Traduction de Florica CIODARU-COURRIOL
Dans ses grandes lignes, c'est quoi un roman ? Une étude sur les hommes dans leurs caractères généraux et dans leurs particularités individuelles. Ces hommes doivent vivre. Le font-ils ? Tout va bien. Ne le font-ils point ? On n'a pas affaire à un vrai romancier.
Le pressentiment du dadaïsme consiste dans le fait que, évitant les rapports qui mènent à une vision réaliste, le poète associe des images inimaginablement disparates, qui surprennent la conscience.
(traduction du roumain par Ion Pop)
Lui Sima, privirile acestea respectuoase ale tuturor îi alterară sentimentul de tristețe, care sta nelămurit în adânc, și i-l prefăcu într-un soi de mândrie de a fi obiectul de atenție al lumii. Institutorul îl mângâie.