Citations de Christian Cailleaux (80)
La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent.
Le temps d'une escale de son cargo, ce livre suit les pas malhabiles du mécanicien du bord, "bouchon-gras" désemparé entre le monde des terriens et le désordre de ses désirs.
Dans la nuit brumeuse et humide qui évoque les atmosphères de Mac Orlan ou de Marcel Carné, le matelot Gus cherche-t-il des semblants de vérités ?
Hommage éclairé d'un dessinateur-poète à l'un de ses mentors, Christian Cailleaux exprime ici son admiration pour le grand Gus Bofa.
En liberté, toutes amarres rompues ...
J'aime tout ce qui m'emmène en voyage. Comme le ronron des diesels et la mer qui chuinte sur la coque, la musique m'aide à croire que tout est possible. Ça laisse les requins au fond de la mémoire. Ça torpille les cauchemars.
Les histoires s'écrivent. Comment deviner la sienne dans l'immensité proposée où les miroirs se brouillent?
Je colle mon oreille au passé comme si c'était le mur d'une maison qui n'est plus.
Richard Brautignan, Mémoires sauvés du vent
Il y a de l'enfance à vouloir partir toujours, avec la peur en pointillé sur la route.
Il y a toujours le temps des premières fois. Celle qui emprunte au fond du ventre et que vous gardez précieusement, celle qui vous emmène au bout du monde retrouver la femme aperçue un jour dans la brume des quais, ou revivre cette aube éblouissante sur les Andes chiliennes.
Il y a des sons que les femmes reconnaissent toujours: ceux de la faiblesse des hommes.
A Brest, c'était le printemps, les filles avaient des robes légères, les cheveux comme les algues. Téaki, Ama, Fathouma, avaient des visages de brume et s'effaçaient dans les lointains.
Une voix de femme ça rassure quand on sort de l'odeur des hommes, du fuel et de la peinture chaude.
Elle sembla le voir et resta un instant pensive.
Comment pourrait-elle le reconnaitre? Il admira ce long cou où il avait posé, enfant, tant de baisers.
Maintenant, si je puis me permettre, je vous suggère une réplique. Soit vous me mettez votre poing sur le nez, soit vous refermez cette porte avec l'air contrarié mais vaincu. Il va de soi que l'une ou l'autre ne changera guère le cours du drame qui se joue sur ce palier.
Avoue que c'est plutôt sympa d'arrondir ses fins de mois en allant souffler dans un tuba et boire des coups jusqu'à plus soif! T'es un verni toi!
Moi, au même moment, j'étais en train de perdre ma culotte au poker chez Omar et il n'y avait même pas assez de bibine parce que sa femme dépense tout en fanfreluches.
Ne crois pas que ces gens soient cultivés. Ils cultivent seulement un certain dédain pour ce qui les entoure, un certain ennui en fait car ils peuvent tout se payer. Par une sorte de règle du jeu tacite, il convient donc de s'amuser et de se moquer de tout.
Je te souhaite de ne plus jamais retomber sur moi comme ce soir, parce que tu apprendras qu'il n'y a rien de pire qu'un ami qui devient ton ennemi.
C'est ce soir-là que j'ai vraiment décidé qu'il me fallait changer de vie. On m'avait confondu pendant toute une nuit avec un type célèbre, un type intelligent et admiré.
Et j'avais donné le change!
Pourquoi ne pas continuer, pourquoi ne pas rester parmi ces gens qui ne se soucient que des belles choses, qui ne mangent, ne boivent et ne parlent que des bonnes choses...
Je ne peux pas passer mes journées à vous attendre, je ne peux pas vivre sans vous ! Votre place est avec nous deux... Pas une seconde, surtout pas une journée ! D'ailleurs je me demande bien comment font les autres pour vivre sans vous, chuchota-t-elle, la voix brisée en sanglot.
Un imposteur est un fourbe qui veut en imposer aux autres pour son profit.
- Pourquoi dites-vous à tout le monde que vous êtes écrivain sauf à moi?
- Parce que vous savez très bien que je ne le suis pas. Et puis je ne dis à personne que je suis Fenta! Ce sont eux qui le croient.
- Et pourquoi moi je ne le penserais pas?
- Je ne sais pas... faut croire que les prolos se reconnaissent entre eux.
Tes illusions sont comme tes antiquités. Avariées.