Ladaptation doeuvres littéraires en bandes dessinées - Avec Christian Cailleaux
La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent.
Le temps d'une escale de son cargo, ce livre suit les pas malhabiles du mécanicien du bord, "bouchon-gras" désemparé entre le monde des terriens et le désordre de ses désirs.
Dans la nuit brumeuse et humide qui évoque les atmosphères de Mac Orlan ou de Marcel Carné, le matelot Gus cherche-t-il des semblants de vérités ?
Hommage éclairé d'un dessinateur-poète à l'un de ses mentors, Christian Cailleaux exprime ici son admiration pour le grand Gus Bofa.
En liberté, toutes amarres rompues ...
J'aime tout ce qui m'emmène en voyage. Comme le ronron des diesels et la mer qui chuinte sur la coque, la musique m'aide à croire que tout est possible. Ça laisse les requins au fond de la mémoire. Ça torpille les cauchemars.
Les histoires s'écrivent. Comment deviner la sienne dans l'immensité proposée où les miroirs se brouillent?
Je colle mon oreille au passé comme si c'était le mur d'une maison qui n'est plus.
Richard Brautignan, Mémoires sauvés du vent
Il y a toujours le temps des premières fois. Celle qui emprunte au fond du ventre et que vous gardez précieusement, celle qui vous emmène au bout du monde retrouver la femme aperçue un jour dans la brume des quais, ou revivre cette aube éblouissante sur les Andes chiliennes.
Il y a de l'enfance à vouloir partir toujours, avec la peur en pointillé sur la route.
Il y a des sons que les femmes reconnaissent toujours: ceux de la faiblesse des hommes.
A Brest, c'était le printemps, les filles avaient des robes légères, les cheveux comme les algues. Téaki, Ama, Fathouma, avaient des visages de brume et s'effaçaient dans les lointains.
Une voix de femme ça rassure quand on sort de l'odeur des hommes, du fuel et de la peinture chaude.