C'est pourquoi qu'on fait la fête ? a voulu savoir mon frère.
Bonne question ! J'aurais pu répondre :
1) "Parce que notre grand-mère nous a laissés en plan mais qu'on s'en sort quand même."
2) "Parce que notre grand-mère est une irresponsable mais que les services sociaux ne sont pas au courant."
3) "Parce que j'ai trouvé assez de chose pour qu'on mange à notre faim, au moins ce soir."
Avec la quantité de travail que j'avais déjà fournie, j'étais tout à fait capable d'écrire ce texte sans une seule faute. Mais sentir le regard de mon père fixé sur mon stylo me mettait les nerfs à vif et le cerveau en déroute. Certains mots perdaient leur sens et n'étaient plus qu'une suite de lettres que je ne savais plus assembler. Les grognements que papa poussait ne faisaient que m'affoler un peu plus. (p. 63)
Quelle chance d'avoir été choisi pour hériter du don ! Bien sûr, c'était un pouvoir exigeant, je devais en être digne à tout moment, sous peine de le perdre. Mais j'avais, pour m'aider, des moyens exceptionnels, ce morceau de basalte, par exemple, ou encore Nicéphore, mon précieux chat !
(...) quand papa était enfant, il était bon élève et rêvait de devenir médecin. Mais son père l'a obligé à devenir garagiste pour reprendre le garage familial. Mon pauvre papa a eu beau protester et supplier, il a dû quitter l'école à seize ans. Aussi s'est-il juré que son fils, lui, ferait des études et réaliserait son rêve... Son rêve à lui, je veux dire. (p. 8)
Aujourd'hui le DON tu reçois,
Bon usage j'espère tu en feras
Digne de lui tu te montreras
Chaque jour tu t'entraineras
Et ton DON développeras
Les pensées des autres tu comprendras
Et d'autres talents tu découvriras
Le DON toujours à autrui servira
Jamais égoïste tu ne seras
Le profit que tu en tireras
Jamais contre la loi ne l'obtiendras
Je ne pouvais plus reculer, il fallait reprendre le collège. Le vendredi matin, Valentine est passée me chercher. Heureusement. Seule, je n’aurais pas pu affronter la classe.
Le pire, c’était que je ne savais pas ce que j’attendais des autres. J’envisageais une première possibilité : « Si chacun me dit un mot gentil, ça va être affreux, je vais éclater en sanglots à chaque fois, je passerai la journée à pleurer. Je ferai peur à tout le monde, personne n’osera plus me parler. »
Et puis, seconde hypothèse : « Si aucun d’entre eux ne fait allusion à la mort de Ben ? Je ne supporterai pas que les autres aient l’air d’ignorer ce que je vis. Je les trouverai tous infects et j’aurai envie de leur hurler ce que je pense. »
Si j’écrivais un roman ?” ai-je alors osé penser.
“Écrire un roman ? Ça ne va pas, la tête ? Tu sais bien que tu es trop nulle !” me suis-je aussitôt répondu.
Et voilà pourquoi il m’a fallu encore de longues années avant de prendre un peu confiance en moi, oublier le stylo rouge de mes professeurs et me lancer dans mon premier roman.
J'ai filé à la salle de bains me passer de l'eau fraîche sur la figure pour effacer les traces de mes pleurs.
Mais, dès que j'ai mis le pied dans la cuisine, ma mère a vu que quelque chose clochait. Elle a des antennes pour ça, c'est effrayant. (p. 22)
Avec la quantité de travail que j'avais déjà fournie, j'étais tout à fait capable d'écrire ce texte sans une seule faute. Mais sentir le regard de mon père fixé sur mon stylo me mettait les nerfs à vif et le cerveau en déroute. Certains mots perdaient leur sens et n'étaient plus qu'une suite de lettres que je ne savais plus assembler. les grognements que papa poussaient ne faisaient que m'affoler un peu plus.
(...) c'est à ce moment-là que j'aurais dû révéler la vérité. Clamer que je me fichais d'être médecin, pompier, charcutier, président de la République ou même garagiste comme lui ! Que je voulais être un garçon de dix ans, joyeux et sans souci. Pas un condamné aux travaux forcés, obligé de traîner son avenir comme un boulet au pied. (p. 14)