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Citations de Blandine Le Callet (454)


« Il sourit aux photographes, embrasse sa femme, se protège en riant d'une pluie de riz... Il éprouve un léger vertige, comme si tout son être tentait désespérement de s'extirper de son corps pour s'enfuir en courant. C'est fait. Autour d'eux, il y a une foule de visages familiers qui lui semblent à cette heure totalement étrangers. Il les voit applaudir et crier « Vive les mariés! ». Il sourit, mais ce déferlement de joie le terrorise et lui inspire une sorte de dégoût. »
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Il se dit je suis en train de faire ce que l'homme a toujours fait : creuser la terre, la retourner, un rapport intime qui dure depuis la nuit des temps. Elle se laisse travailler, elle nous sourit, et puis un jour ou l'autre elle nous reprend. Et c'est grâce à cela que tout peut continuer à l'infini.
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Je te regarde. Tu es pâle et tu trembles un peu de froid plus que de peur. L'air est glacé, mais dans tes yeux, c'est toujours le même feu.
Tu me souris, indifférente à ce qui nous entoure. Tu as raison : ces instants sont précieux; gardons les pour nous seuls.
On nous a ordonné de rester silencieux. Ce n'est pas grave.Nous savons nous parler avec les yeux.
Tu sembles soulagée, heureuse presque. Il fait beau. Pour nous, le ciel s'est mis en fête.Un rayon de soleil passe sur ton front, accroche à tes cheveux des reflets fauves et miel. J'aimerais y enfouir mon visage, éprouver leur douceur, les respirer, comme autrefois; mais bien sûr, c'est impossible. Peu importe.Te contempler suffit à me combler.
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Lorsqu’ils m’ont proposé de jouer avec eux, j’ai accepté – je n’avais pas d’autre choix -, et on a commencé. Seulement, je ne connaissais pas leurs jeux. Ils ont essayé de m’expliquer les règles, mais je n’y comprenais rien. « T’es bête ou quoi ? Pourtant, c’est pas bien compliqué ! ». Leur agacement m’affolait ; c’était comme une menace, et je comprenais encore moins. L’un des garçons a fini par lâcher : « T’es un peu dingue, toi ». Ça n’était pas méchant, pas vraiment. Mais ça voulait bien dire ce que ça voulait dire : je n’étais pas comme eux et ils s’en rendaient compte.
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Je souffrais encore plus qu’avant, lorsque je n’avais qu’un seul deuil au cœur. Maintenant qu’ils étaient deux, je me demandais si j’arriverais à les porter ensemble. Ça commençait à être vraiment lourd, toutes ces larmes qui se déversaient en moi, sans faire le moindre bruit.
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Il s'est assis sur le lit, l'air mystérieux, et d'un geste solennel a soulevé le couvercle du caisson.
- Viens donc voir, fillette!
Je me suis approchée.
- On appelle ça des livres. Tu vas voir, tu n'en reviendras pas.
J'ai levé un sourcil sceptique. Il avait beau dire, ça ne payait pas de mine. Mais lui semblait très excité. Il s'est emparé d'un volume, puis il l'a soulevé à hauteur de mes yeux.
- Regarde bien, Lila.
J'ai soudain vu le livre s'ouvrir entre mes mains, éclater en feuillets, minces, souples et mobiles. C'était comme une fleur brutalement éclose, un oiseau qui déploie ses ailes.
- Ça t'en bouche un coin, n'est-ce pas?
Je n'ai pas répondu. Je regardais ses gros doigts qui feuilletaient les pages, couvertes de signes noirs et de tâches colorées.
- Eh bien, tu as perdu ta langue?
- Comment dites-vous que ça s'appelle?
- Un livre. C'est ce qu'on avait, avant les grammabooks.
- Et... qu'est-ce qu'il y a écrit là-dedans?
- Cela dépend du livre.
J'ai ouvert des yeux ronds. Je n'y comprenais rien.
- Laisse-moi t'expliquer: tu vois, avec un grammabook, on n'a qu'un écran vierge sur lequel vient s'inscrire le texte de ton choix. Un livre, lui, est composé de pages imprimées. Une fois que le texte est là, on ne peut plus rien changer. Les mots sont incrustés à la surface. Tiens, touche.
J'ai posé la main sur la feuille. J'ai palpé, puis j'ai gratté les lettres, légèrement, de l'index. M. Kauffmann disait vrai: elles étaient comme prises dans la matière.
- Ça ne peut pas s'effacer?
- Non, c'est inamovible. Indélébile. Là réside tout l'intérêt: avec le livre, tu possèdes le texte. Tu le possèdes vraiment. Il reste avec toi, sans que personne ne puisse le modifier à ton insu. Par les temps qui courent, ce n'est pas un mince avantage, crois-moi, a-t-il ajouté à voix basse. Ex libris veritas, fillette. La vérité sort des livres. Souviens-toi de ça: Ex libris veritas.
Je ne comprenais pas bien où il voulait en venir, ni pourquoi il prenait un ton solennel. Mais j'ai hoché la tête, à tout hasard. Ex libris veritas. D'accord, s'il y tenait.
- Regarde, a-t-il poursuivi. Lorsqu'on a terminé un côté de la page, on la tourne pour lire l'autre côté. Lorsque tout est rempli, il faut une autre page pour la suite du texte.
- C'est pour cela qu'il y en a autant?
- Exactement.
D'un geste, il a montré les livres empilés dans la caisse.
- Je t'ai préparé une petite sélection qui devrait t'intéresser.
- Vous allez tout me laisser?
- Oui fillette. Du moins, pour quelques temps. Il faut bien que tu aies de quoi t'occuper.
- Il ne serait pas plus simple d'envoyer tous ces textes sur mon grammabook? Ça prendrait moins de place!
- Hé hé, fillette, comme tu ne tarderas pas à t'en rendre compte, les livres sont bien plus confortables que les grammabooks. On peut les lire des heures durant sans avoir mal aux yeux. Ça non plus, ce n'est pas un mince avantage.
J'ai pioché au hasard un des livres sur le dessus de la caisse, et feuilleté quelques pages. J'allais le refermer, lorsque j'ai vu l'encart au verso de la couverture: Le papier imprimé peut contenir des substances toxiques et des micro-organismes susceptibles de déclencher chez les sujets fragiles de graves allergies, entraînant lésions cutanées et difficultés respiratoires. Il doit être manié avec précaution. Il doit être tenu hors de portée des enfants. Je vous fais grâce de la suite, vous connaissez mieux que moi l'avertissement du Ministère.
- Monsieur Kauffmann, qu'est-ce que ça veut dire? Il est devenu cramoisi.
- Justement, j'allais t'en parler. Fillette, il ne faut pas tenir compte de ces billevesées! Tout ça, c'est du bullshit, des fariboles uniquement destinées à effrayer les gens! Et pourquoi, je te le demande? Parce qu'on a relevé quelques cas d'allergies mortelles que l'on a imputées à l'encre ou au papier. De simples présomptions. Rien n'a été prouvé. Ça ne les a pas empêchés de monter l'affaire en épingle, d'affoler l'opinion pour ensuite faire voter leurs putains de lois restrictives. Du pipeau! s'est-il mis à beugler. La censure qui se drape dans le principe de précaution!

(P53)
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"L'art console de tout"
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Mais ce que j'aimais le plus, c'était sa bienveillance. Tout le monde me considérait comme une détraquée, un mécanisme déréglé à réparer d'urgence. M. Kauffmann était le seul à ne pas me juger, à ne rien exiger. Il y avait chez lui une sorte de douceur, je ne sais comment dire...de tendresse, oui, c'est cela, de tendresse. Il me traitait comme une personne sans problème, avec tous les égards, et c'était merveilleusement réconfortant. Mais ça ne comblait pas le vide à l'intérieur de moi.
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On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s’interdit d’aller : derrière, il y a tous les monstres qu’on s’est créés. On les croit terribles, invincibles, mais ce n’est pas vrai. Dès qu’on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu’on ne l’imaginait. Ils perdent consistance, s’évaporent peu à peu. Au point qu’on se demande, pour finir, s’ils existaient vraiment.
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C'est bien pouponné, bien élégant dans sa robe à trois mille euros. Ça chante "Ô Seigneur, je viens vers toi" d'un air concentré, en ayant soin de présenter son joli profil au caméscope, mais ça n'est pas capable d'écrire dix lignes personnelles à prononcer le jour de son mariage.
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Je l'ai suivie, docile - ne jamais contrarier une femelle dominante.
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« - Tu vois, avec un grammabook, on n’a qu’un écran vierge sur lequel vient s’inscrire le texte de ton choix. Un livre, lui, est composé de pages imprimées. Une fois que le texte est là, on ne peut plus rien changer. Les mots sont incrustés à la surface. Tiens, touche.

J’ai posé la main sur la feuille. J’ai palpé, puis j’ai gratté les lettres, légèrement, de l’index. M. Kauffmann disait vrai : elles étaient comme prises dans la matière.

- Ca ne peut pas s’effacer ?

- Non, c’est inamovible. Indélébile. Là réside tout l’intérêt : avec le livre, tu possèdes le texte. Tu le possèdes vraiment. Il reste avec toi, sans que personne ne puisse le modifier à ton insu. Par les temps qui courent, ce n’est pas un mince avantage, crois-moi, a-t-il ajouté à voix basse. Ex libris veritas, fillette. La vérité sort des livres. Souviens-toi de ça : Ex libris veritas. »
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On passe sa vie à se construire des barrières au-delà desquelles on s’interdit d’aller : derrière, il y a tous les monstres que l’on s’est créés. On les croit terribles, invincibles, mais ce n’est pas vrai. Dès qu’on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu’on ne l’imaginait. Ils perdent consistance, s’évaporent peu à peu. Au point qu’on se demande, pour finir, s’ils existaient vraiment.
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Il faut être heureux, Hermès ; la nature l'exige : chacun a le devoir de construire son bonheur, envers et contre tout.
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« Je ne peux pas dire, que j’étais déçue c’était plus fort que ça j’étais perdue ».
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— Ce sale Grec... Comme un imbécile, je me suis laissé séduire par le cadeau qu'il apportait. C'est une erreur que je regrette tous les jours.
— Tu ne dois pas avoir de regret, seigneur. Il t'a fait ce jour-là un don inestimable : tout le pays est persuadé du pouvoir magique de la toison d'or.
— Les gens sont stupides, Mégalès. Tu sais aussi bien que moi que la toison n'a pas le moindre pouvoir.
— Mais ce qui compte, seigneur, c'est ce que les gens croient.
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Il n'y a pas eu d'enfance plus belle que la mienne. Je jouais dans le jardin. J'étudiais avec mon précepteur... ou par moi-même.
— Ton professeur me dit que tu es une élève exceptionnelle, très savante pour une fille de dix ans.
— C'est normal, père : je descends des dieux, tout de même !
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"On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s'interdit d'aller : derrière, il y a tous les monstres que l'on s'est créés. On les croit terribles, invincibles, mais ce n'est pas vrai. Dès qu'on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu'on ne l'imaginait."
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- Avec le livre, tu possèdes le texte. Tu le possèdes vraiment. Il reste avec toi, sans que personne ne puisse le modifier à ton insu. Par les temps qui courent, ce n'est pas un mince avantage. Ex libris véritas. La vérité sort de la bouche des livres.
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Certaines légendes anciennes prétendent que les dieux ne peuvent pas supporter le bonheur des mortels. Ils le trouvent obscène, bruyant, et tellement insultant pour tous les malheureux. Non, les dieux n'aiment pas les gens heureux. Pour les faire taire, ils inventent des malheurs terribles qui leur font à jamais passer le goût de vivre. Ce sont des légendes, bien sûr, des contes d'un autre âge. Les dieux n'existent pas. pourtant quand je vois ce qui est arrivé à Lucienne et Fernand, je me demande parfois s'il ne faudrait pas y croire.
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