Devinette :
Quelle est l'eau qui n'a point de sable ?
(Les larmes)
(p. 385)
Je me plaindrais, mais à qui ?
Je me plaindrais au grand bois,
L’est aussi dolent que moi.
Point de feuilles qui lui restent,
Rien que ramilles désertes
toutes lasses sous le vent
Sous le vent
et les saisons,
Comme moi sous les tourments.
(p. 271)
Si quelqu’un avait l’humeur
De lire au fond de mon cœur
Il lirait
Tant qu’il vivrait
Et du tout n’en finirait.
Terre, puiss’tu prendre feu !
Que te frappe le bon Dieu !
J’ai semé, rien n’a germé,
Le peu de semis s’est fané.
Quand j’ai semé des jacinthes
Ont poussé larmes et plaintes ;
Quand du basilic ai mis,
Feu et flamme en sont sortis !
(p. 269)
Comme une vie
un poème devrait, comme une vie
commencer dans la vague et l’indéterminé
attendre un sommet
de soleil, d’herbe rase et de vallées offertes
subir un jour l’écroulement
soudain de toute chose
puis s’apaiser enfin dans la lente douceur
gris-bleu de la mélancolie
ou cesser d’exister sous le choc du couteau
Le bleu du soleil brillait
à travers la poussière
nous nous tenions
debout sur le passé
Sur le ciel dansaient
des ombres d’air
qui nous parlaient du temps
et des masques
Force d’une motte de terre
beauté d’une goutte d’eau
misère de la boue
Mais d’où venaient ce calme cette fidélité
Un univers en expansion et cependant
tout s’approche s’associe s’agglutine
les atomes les arbres les pays.
L’amor che muove il sol e l’altre stelle
mystérieusement
ramène tout à un même centre.
Nous aussi
tourbillonnant virevoltant
heurtant du front la vitre des mots
nous nous laissons aspirer par sa douce lumière
souhaitant mourir pour bientôt l’atteindre.
Mais les instants parlent au bout de nos doigts
ils tombent s’amassent il y en a déjà
pour chacun de nous une chaîne de montagnes
et nous ne faisons qu’entrouvrir fugitive
la chose indicible et très douce
que nous cherchons sans pouvoir la nommer.