Pour m'extraire du temps monétisé, je me maquiller. Devant mon miroir, je n'arrive plus à le compter, je cesse de rentabiliser. Parfois, je me farde et me sors même pas de mon lit. Je travaille toute la journée dans ma chambre, sous les couvertures, à l'abri des regards. En fait, quand je me poudre ou que je me crème, je me rapproche de ce corps que je passe ma vie à ignorer. Je lui redonne de l'importance, un peu de dignité. Je lui trace un sourire et je rougis ses joues. Je prends soin de lui, de moi, de nous. Je me dédouble pour mieux m'enlacer.
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