Citations de Connaissance des arts (406)
Comment la toile devient-elle vibration lumineuse ?
Le mot outre noir explique Pierre Soulages, permet de ne pas se limiter au phénomène optique, car voir les reflets sur une surface noir, c'est un phénomène optique. Celui-ci agit d'ailleurs sur la sensibilité, l'imaginaire de quelqu'un quand il aime un tableau. Alors j'ai trouvé qu'il fallait un autre mot que la lumière, que j'employais alors, et c'est à ce moment-là que j'ai pensé à outrenoir. Il s'agit de la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir.
Penseur, entre tant d'autres choses, du fait religieux, Régis Debray a composé pour l'exposition inaugurale une déambulation au paradis, ou plus précisément dans les paradis des trois religions du Livre : judaïsme, christianisme et islam. Le thème œcuménique par essence, appelait une réunion sans exclusive d'artistes venus de temps et de lieux dives.
Couvert de gloire et d’argent, Tuner fut aussi très soucieux de sa postérité. Par testament, il laissait à l’Etat britannique la totalité de ses tableaux non vendus, à la condition qu’ils soient présentés ensemble dans un lieu conçu à cet effet. (…) En tout, quelque trois cent vingt peintures à l’huile, deux mille aquarelles, seize mille dessins, plus mille cinq cents feuilles détachées, sans compter les gravures. … ce fonds est conservé à Londres à la Tate Britain qui, en 1987, s’est dotée d’un nouvel espace, la Clore Gallery, construit par l’architecte James Stirling et dévolu à la présentation de ces œuvres.
D’un pinceau égal et appliqué, Thomas Lévy-Lasne décline en peinture les images de la vie courante, ou les images courantes de la vie, telles que chacun peut les capter avec son téléphone mobile, quitte à les retoucher ensuite. Portraits de proches, scènes domestiques, instants en vacances, au musée, dans Paris, l’agonie d’un parent, des couchers de soleil, un âne, une poule, un mouton, le coiffeur, le boucher, le tatoueur… Tout est matière à peinture et la peinture, indifféremment, absorbe tout, sans s’émouvoir. L’artiste se déclare foncièrement réaliste et proclame son adhésion entière à la réalité : « Ce goût du réel, je trouve qu’il n’y a rien de mieux, vu qu’il n’y a rien d’autre que le réel ». Mais la peinture peut-elle se contenter de reproduire la réalité (ou les photographies de la réalité), sans s’expérimenter elle-même et, ce faisant, se réinventer ?
Notre volonté est de conserver au Mauritshuis son caractère de petit musée, à la différence de certains autres comme le Louvre, qui donnent la sensation qu'on ne pourra jamais tout voir. L'attrait du Mauritshuis est d'être un musée à l'échelle d'une maison, en harmonie avec les tableaux qui y sont conservés. Il n'est pas écrasant. La collection comprend environ huit cents tableaux.
Emilie E.S. Godenker, directrice du Mauritshuis depuis 2008
BERCK-SUR-MER Hommage aux matelotes
Dans l’imaginaire collectif, la femme de marin est essentiellement celle qui attend fébrilement le retour des bateaux, ou qui pleure son homme disparu en mer. La figure de la « matelote », terme peu utilisé aujourd’hui mais qui prend ici tout son sens, est au cœur d’une riche exposition de peintures, de photographies et de dessins produits par des artistes actifs à Berck au tournant des XIXe et XXe siècles. L’accrochage montre les rôles multiples joués par ces femmes qui participent au halage et à l’armement du bateau, aident au chargement du matériel de pêche, fabriquent ou réparent les lignes, et assurent, au retour, le débarquement et la vente du poisson.
« UNE FEMME À LA MER, LA MATELOTE ET LES PEINTRES DE BERCK », musée, 16 juin au 22 octobre.
L'exemple des toiles suprématistes présentées du vivant de Malevitch dans plusieurs positions rappelle que l'espace suprématiste n'a ni haut ni bas, ni droite ni gauche et que les éléments qui s'y trouvent en état de suspension sont sans orientation de type euclidien. Malgré des juxtapositions et des superpositions de différentes couleurs et dimensions, tout effet de profondeur est aboli et l'impression prégnante est celle d'une grande planéité.
Il y a une sorte de discours convenu qui consiste à considérer que Chagall est intéressant dans sa période russe et médiocre à partir de son arrivée en France. Alors de deux choses l'une, soit il a perdu son talent en émigrant, soit c'est nous qui ne savons pas bien regarder.
Tiepolo a pris toutes les libertés avec la peinture d'histoire, qui, sous son pinceau, prend les attraits d'une festive représentation théâtrale.
« Gustave Doré, pour le juger d’un mot, est un improvisateur, le plus merveilleux improvisateur du crayon qui ait jamais existé… L’idée vient instantanément ; elle le frappe avec la rapidité et l’éblouissement de l’éclair, et il la subit sans la discuter, il obéit au rayon d’en haut ».
Emile Zola
Collectionner, c’est amasser au-delà du raisonnable. Cette pulsion ne peut qu’être sous-tendue par l’irrépressible souffrance de ne pas avoir l’œuvre considérée essentielle d’un artiste, d’une période, d’un mouvement qui satisferait en apparence cet impérieux désir-besoin. Une fois acquise, la dernière pièce ne fait qu’exacerber l’effet de manque….
Les Combats d'Alice Neel
Dans les années 1960, elle s'est prononcée contre la guerre au Vietnam.Elle demandait la liberté pour tout le monde, avec en arrière plan une méfiance envers le système capitaliste.Une de ses paroles, que nous mettons en exergue dans l'exposition, le résume bien : " En politique comme dans la vie, j'ai toujours aimé les perdants, les outsiders. Cette odeur de succès, je ne l'aimais pas."
( p.11)
« Les jardins secrets de Théophile Alexandre Steinlen, de Montmartre à la Vallée de l’Oise » à Auvers-sur-Oise jusqu’au 18 septembre.
De Steinlen, on connaît surtout les affiches, dont celle du Chat Noir. Le reste de son œuvre reste inconnu, aussi est-ce une véritable aubaine que d’en découvrir les « jardins secrets » : scènes de rue, portraits, caricatures, illustrations pour des journaux tels que « Le Mirliton » ou « L’Assiette au beurre », mais aussi, plus étonnant, des paysages. Car ce contemporain des impressionnistes, qui avait une résidence à Jouy-le-Moutier dans le Val-d’Oise, fut aussi, comme Monet, un amoureux de son jardin, qu’il peignit et dessina inlassablement.
Boldini, une rétrospective- Entretien avec Servane Dargnies-de Vitry. Propos recueillis pat Jerôme Coignard
Quelle est sa culture visuelle ?
A partir des années 1880, la correspondance de Boldini atteste son goût prononcé pour l'art du passé. Il s'intéresse particulièrement aux peintres anglais du XVIIIe siècle, Reynolds, Gainsborough, Hogarth, qu'il étudie à Londres.
Il est également sensible à la peinture hollandaise et flamande du XVIIe siècle. L'époque de son arrivée à Paris suit la redécouverte de Vermeer et de Franz Halz par le critique d'art Thoré-Bürger dans les années 1860.Hals exerce une forte influence sur ses portraits des années 1880 (...)
La Vierge de l’Annonciation d’Antonello da Messine
Caché au sein du Palazzo Abatellis de Palerme, cet inoubliable buste
de la Vierge intrigue par sa douceur, sa retenue et sa simplicité. Peint sur bois vers 1475, il s’agit d’un chef-d’oeuvre de cet artiste de la Première Renaissance, influencé par les Flamands Jan Van Eyck et Petrus Christus pour la précision des détails et par les peintres florentins pour la traduction en peinture de la perspective. Ici, Antonello da Messine opte pour un fond abstrait noir, cerne l’ovale du visage de la Vierge d’un drapé bleu aux plis cassés, impressionne par sa capacité à donner de la profondeur à son panneau en peignant cette main vue par en dessous, éclairée latéralement et redoublant l’oblique du lutrin. Une leçon de géométrie.
En un sens, l’œuvre de vitrail apparaît comme l’accomplissement majeur de l’art de Chagall, en ceci qu’y sont magnifiées, par la magie de la lumière et d’une couleur plus abondante et radieuse que jamais, sa personnalité poétique et une spiritualité qu’il résumait lui-même ainsi : « L’art que j’ai pratiqué depuis mon enfance m’a enseigné que l’homme est capable d’amour et que l’amour peut le sauver. Pour moi, c’est la vraie couleur, la vraie matière de l’Art. C’est aussi naturel qu’un arbre ou une pierre ».
Le gouvernement autrichien lui confie la décoration du pavillon de Bosnie Herzégovine au sein de l’Exposition universelle de 1900. L’artiste en fera un manifeste des aspirations slaves. Voyageant dans les Balkans pour étoffer son propos, il est foudroyé par une ambition : consacrer le reste de son oeuvre à sa nation. Ce sera L’Épopée slave, cycle de vingt toiles monumentales. L’autre vie d’Alphonse Mucha commence, qui va durer trente ans. Pour financer ce programme grandiose, il part six fois aux États-Unis, entre 1904 et 1910, enseigner, vendre, chercher et trouver un mécène, Charles Crane. En 1910, il rentre définitivement à Prague.
Moderne et insolite, ce petit édifice est l’oeuvre de Bruno Giacometti (1907-2012). Mort au bel âge de 104 ans, l’architecte n’a jamais connu la célébrité de ses frères Alberto et Diego, mais a laissé dans la région plusieurs bâtiments. On lui doit notamment la Poste de Maloja (1949-1951), les écoles de Vicosoprano et de Stampa (1956-1964), plusieurs maisons pour les employés de la société EWZ à Castasegna (1959), et ce pavillon rouge de la Douane suisse, à la frontière italienne. Construit en 1958-1959 à Castasegna, il abrite aujourd’hui des expositions d’art contemporain et de photographies.
JEAN COUTY, PEINTRE BÂTISSEUR
Solidement amarré entre Rhône et Saône, un nouveau musée privé dédié à l’oeuvre de l’artiste lyonnais Jean Couty (1907-1991) ouvre ses portes à quelques mètres de sa maison familiale et de son atelier, face à l’île Barbe. « J’ai fondé ce musée pour rendre hommage à mon père qui a consacré sa vie entière à la peinture, pour faire rayonner son oeuvre en lui accordant une plus grande place dans l’histoire de l’art », déclare son fils, Charles Couty. Au sein d’un bâtiment ancien rénové par les cabinets d’architectes Jérémy Rochet et ITRW, les collections se déploient sur huit cents mètres carrés.
La grande exposition que le Louvre consacre à Léonard de Vinci pour célébrer les 500 ans de sa mort, sera sans doute l’événement artistique de l’année 2019. Elle nous propose une relecture de l’œuvre du grand maître, à la lumière des plus récentes découvertes.