Ils m'avaient cru petite, faible, une poupée que l'on pouvait diriger, utiliser, abîmer, et jeter lorsqu'elle ne plaisait plus.
Dommage. Dommage, dommage, dommage.
-Tu sais ce qui est dangereux? repris je. Ton impuissance. Les mots t'échappent, tu disais. Mais non, c'est faux. Ils sont là, coincés en toi, alors que tu te penses l'esclave du feu et des autres, de tous ceux qui t'enlèvent la possibilité d'agir. Mais c'est faux. Ces chaines sont une illusion, qui n'ont que le poids que tu veux bien leur donner. Qui n'existent que tant que tu y crois. Je t'ai vue Parler. J'ai vu ta gloire et ta lumière. C'est toi qui as le pouvoir. Reprends le.
𝑰𝒍𝒔 𝒎'𝒂𝒗𝒂𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒄𝒓𝒖 𝒑𝒆𝒕𝒊𝒕𝒆, 𝒇𝒂𝒊𝒃𝒍𝒆, 𝒖𝒏𝒆 𝒑𝒐𝒖𝒑𝒆́𝒆 𝒒𝒖𝒆 𝒍'𝒐𝒏 𝒑𝒐𝒖𝒗𝒂𝒊𝒕 𝒅𝒊𝒓𝒊𝒈𝒆𝒓, 𝒖𝒕𝒊𝒍𝒊𝒔𝒆𝒓, 𝒂𝒃𝒊̂𝒎𝒆𝒓 𝒆𝒕 𝒋𝒆𝒕𝒆𝒓 𝒍𝒐𝒓𝒔𝒒𝒖'𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒏𝒆 𝒑𝒍𝒂𝒊𝒔𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒍𝒖𝒔. 𝑫𝒐𝒎𝒎𝒂𝒈𝒆, ��𝒐𝒎𝒎𝒂𝒈𝒆, 𝒅𝒐𝒎𝒎𝒂𝒈𝒆, 𝒅𝒐𝒎𝒎𝒂𝒈𝒆.
C’était comme le soir dans mon lit, comme à l’adolescence sur les plages rouges de Terransson. Ma gorge qui se contracta différemment, la chaleur qui se diffusa, qui venait de mon centre de gravité, et qui remontait, de mes poumons à mes mots. Le changement subtil dans l’atmosphère qui me fit frissonner.
Et le moment où le mot frappa le garde. Où il s’arrêta d’un coup, une expression de surprise figée sur le visage, ses lèvres épaisses tordues comme sur le point de parler.
Je regrettai immédiatement. Qu’as-tu fait ?
Mon frère, c’était un digne héritier de l’extrême sud, de notre peuple d’anciens pirates et d’aventuriers fous qui, pendant des siècles, avaient traversé les mers infinies pour chercher ses trésors engloutis et chasser ses animaux mythiques. Oui, un pur descendant des princes navigateurs légendaires. Jamais il n’aurait coopéré. Jamais.
Je m'arrêtai à la fontaine du centre du plateau. Elle termina de me calmer : j'y plongeai mes terreurs dans son filet d'eau tiède, j'y effaçai l'acidité qu'avaient laissée mes vomissements, enfin, j'y trempai l'âme tremblante de mon esprit.
Lorsque les petites Voix sauvages Parlent pour se défendre, c’est toujours absolument fascinant de voir ces éclats colorés qui teintent l’air tout autour. Vous, pauvres profanes, vous ratez parfois de véritables œuvres d’art.
Comme toutes les histoires de vengeance ou d’amour, la mienne commença par une obsession. Celle que j’avais pour Yervain du Bureau de Contrôle des Voix, depuis qu’il avait, au milieu d’une nuit d’été brûlante, tué mon frère.
[...] cette confiance inaltérable, ce besoin aveugle de rester toujours à ses côtés, [Elle] n'était qu'un agneau sacré, sacrifié sur l'autel de ma vengeance, la vie brûlée au pyrée de mon amour fraternel.
Puisqu’il le fallait, je serais la main qui saisirait l’épée vengeresse.