LA TAUPE
O bête obscure en moi
Qui cherche ton issue !
Je creuse à ta rencontre,
Forant des galeries,
Afin que tu débouches
Au jour, à la lumière.
Je te devine, âme pressée,
Recluse impatiente,
Prisonnière oppressée,
Avec tes yeux aveugles
Et tes mains minuscules,
Fouillant ma grosse terre,
Nageant tout au fond d'elle.
Et je devine encore
Ton fin museau pointu
Qui vibre sur le sol,
Flairant comme une brise,
Comme un parfum de ciel,
Les odeurs de l'humus.
C'est par ici la vie !
N'enfonce plus tes jours
Vers la chaleur centrale ;
Ne plonge plus, profond,
Vers le ventre de feu.
Par ici les saisons,
Par ici les pays,
Par ici les hasards,
Les mauvais lieux,
Les cathédrales.
Ici soufflent les vents
Sur les vieux paysages.
Bleu de bleu
Quand j’ai besoin de bleu,
Quand j’ai besoin, de bleu, de bleu,
De bleu de mer et d’outre-mer,
De bleu de ciel et d’outre-ciel,
De bleu marin, de bleu céleste ;
Quand j’ai besoin profond,
Quand j’ai besoin altier,
Quand j’ai besoin d’envol,
Quand j’ai besoin de nage,
Et de plonger en ciel,
Et de voler sous l’eau ;
Quand j’ai besoin de bleu
Pour l’âme et le visage,
Pour tout le corps laver,
Pour ondoyer le cœur ;
Quand j’ai besoin de bleu
Pour mon éternité,
Pour déborder ma vie,
Pour aller au-delà
Rassurer ma terreur
Pour savoir qu’au-delà
Tout reprend de plus belle ;
Quand j’ai besoin de bleu,
L’hiver,
Quand j’ai besoin de bleu,
La nuit
J’ai recours à tes yeux.