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EAN : 9782355846564
304 pages
Sonatine (08/02/2018)
3.77/5   15 notes
Résumé :
Un tweet malheureux, un plagiat, une remarque de mauvais goût qui vous échappe et, avec les réseaux sociaux, c'est désormais le monde entier qui peut vous tomber dessus. En quittant ainsi la sphère personnelle, la honte a depuis quelques années connu une promotion inespérée.
Grand reporter d'un genre très particulier, Jon Ronson a rencontré quelques honteux célèbres malgré eux. Au-delà de ces portraits, parfois dramatiques, parfois désopilants, il s'interroge... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« La honte, comme le froid, est, par essence, l'absence de chaleur. Et quand elle atteint une intensité écrasante, elle est vécue, comme le froid, comme une sensation d'engourdissement et d'inertie. Dans 'l'Enfer' de Dante, le cercle le plus bas était une région non pas de flammes mais de glace - le froid absolu. » (James Gilligan, 1999, cité p. 231)

Dans cet ouvrage, Jon Ronson évoque des situations d'humiliation publique sur les réseaux sociaux, induites par un dérapage initial de la personne insultée, ou par des dénonciations/indiscrétions de tiers à son égard.
Il donne quelques exemples de victimes 'célèbres' de déferlements de haine sur internet - dont je n'avais jamais eu écho, mais qu'importe, puisqu'il les explique en détail, et qu'ils sont transposables à d'autres tempêtes virtuelles plus proches de nous.

L'ouvrage est suffisamment riche, argumenté et accessible pour inviter le lecteur à s'interroger sur son expérience et ses propres réactions (dans quel cas peut-on avoir envie de prendre position - publiquement ou non - pour telle affaire publique ?).

Pas de ton moralisateur, puisque Jon Ronson, comme beaucoup d'entre nous, s'est trouvé des deux côtés de la barrière, virtuellement ou IRL : celui qui a gaffé un peu trop vite, celui qui s'est permis de juger et/ou 'punir' le maladroit/indélicat.

L'auteur a le défaut d'être extrêmement bavard et de ne pas avoir l'esprit de synthèse (ou de ne pas l'appliquer ici - cf. son épilogue répétitif et interminable). C'est en revanche un excellent conteur : doué pour la vulgarisation, il arrive à nous captiver en étoffant son propos d'anecdotes, d'apports sociologiques, psychologiques, juridiques, historiques...

Je note ses autres ouvrages : 'Êtes-vous psychopathe ?' et 'Les Chèvres du Pentagone'.
Et je remercie Babelio et les éditions Sonatine, dont je ne connaissais pas la collection 'Essais'.
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Ce que j'ai ressenti:…Un reportage instructif!
Rappelez-vous, j'avais adoré la passionnante enquête de Jon Ronson au sein de la folie : « Etes-vous psychopathe? », cette année, il sort aux éditions Sonatine La Honte!, un voyage au pays de la honte qui fait froid dans le dos…Tout aussi intéressant que son prédécesseur, ce livre traite de toutes les formes de honte, et surtout de ses détracteurs, sans compter l'effet exponentiel des réseaux sociaux qui viennent enflammer les feux de l'embarras…Les actions, l'apparence, les émotions, les propos: tout devient prétexte à un nouveau jeu de regards désapprobateurs et de cinglantes répliques…. Rien n'arrête plus le fléau des humiliations puisqu'il est dissimulé dans la foule indistincte…

La honte, comme le froid, est par essence, le manque de chaleur. Et quand elle atteint une intensité écrasante, elle est vécue comme le froid, comme une sensation d'engourdissement ou d'inertie. » James Gilligan.

De nos jours, la façade internet est un tremplin pour nos activités, mais elle peut vite devenir le gouffre de nos pires cauchemars. Certains ont payé au centuple, leurs erreurs sorties de la sphère privée, leurs sautes d'humeurs ont été mise au pilori, leurs mots ont pris d'autres interprétations…Le divertissement a un prix, dès fois, celui d'une vie saccagée…Jon Ronson revient sur ses histoires qui ont créé la polémique, rencontrant les personnes qui ont subi la griffe de la honte et tente de comprendre un phénomène dévastateur qui prend toujours plus d'ampleur derrière les écrans…

Nous sommes une masse de vulnérabilités, et qui sait ce qui va les déclencher?

J'aime beaucoup l'approche de cet auteur, toujours dans l'empathie et sans jugement hâtif. J'aime ses pérégrinations pour essayer de comprendre un phénomène de société actuel, sa façon de mettre en relief que tout est une question de perceptions, et encore plus dans ce sentiment si particulier, qu'est la honte…C'est parfois vertigineux, les relents de ces conséquences, mais Jon Ronson nous donne les cartes pour passer au delà des passions des anonymes, replaçant ses personnes dans leur statut de victimes du tourbillon malfaisant du Net… Il se penche avec humanité, sur la nouvelle distraction mondiale à la mode et c'est drôlement édifiant!

-Soignez votre caractère! Il détermine votre destinée!



Ma note Plaisir de Lecture 8/10
Lien : https://fairystelphique.word..
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Tout usager frénétique des réseaux sociaux, et particulièrement de twitter dont je fais évidemment partie, ne pourra qu'être passionné par la lecture du dernier essai de Jon Ronson, "la honte" paru le 8 février dernier chez Sonatine.

Ce journaliste gallois également scénariste à Hollywood et dont le récent Ojka a fait polémique à Cannes l'an passé et qui avait déjà écrit un essai assez similaire dans son approche, le fameux "Êtes-vous psychopathe ? Voyage dans l'industrie de la folie", nous plonge cette fois ci dans une enquête non moins édifiante autour du phénomène de l'humilation publique sur twitter, qui est désormais, comme tout le monde le sait, devenu le nouveau tribunal qui voit chaque internaute se muer en procureur afin de jeter à la vindicte populaire tel ou tel individu.

Ce dernier sera ainsi mis au ban numérique pour des faits d'une gravité plus ou moins avéré et très souvent sans qu'il puisse amorcer la moindre tentative de défense.

Jonah Leher, Justine Sacco, , Lindsay Stone : les individus dont parlent Jon Ronson n'ont pas tous franchi le cap la notoriété chez nous mais aux USA, ils sont l'illustration qu'une dérive temporaire plus moins grave ( un tweet humoristique jugé comme raciste, des citation de Bob Dylan que le chanteur n'a pas réellement prononcé, une photo montrant un irrespect pour les militaires) a tôt fait de clouer son auteur au pilori et lui briser vie familiale et professionnelle en un rien de temps.
Cette agora sans empathie et émotion qu'est devenu twitter- visiblement encore plus aux USA que chez nous effraie pas mal surtout lorsque l'auteur qui a retrouvé la trace de ces des victimes raconte leur descente aux enfers après ces humiliations.

Un récit proprement édifiant aussi captivant que glaçant qui touche d'autant plus juste qu'elle est narrée à la première personne,et que l'auteur ne s'épargne guère, se mettant facilement du coté de ceux qui condamnent et procédent à un lynchage public sans l'once d'une hésitation..." Sur Internet, on a le pouvoir dans des situations où on serait autrement impuissants."

L'anonymat de la toile confère une dimension invulnérable et une impunité qui rend cette position de procureur assez légitime et la réussite de ce formidable essai- écrit avant l'élection de Trump et avant l'affaire Weinstein et son fameux #metoo est de nous interroger sur l'origine et le bien fondé d'une pratique aussi dangereuse qu'universelle.

Un livre à conseiller à tout le monde, autant les habitués des réseaux sociaux qui pourraient retrouver quelque chose qui leur est familier que ceux qui n'y vont jamais et qui risquent de ne pas avoir envie d'y aller faire un tour ...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les réseaux sociaux ont, entre autres choses, ramené à la vie la mise au pilori. Régulièrement, un message ou un tweet est épinglé par la communauté, et c'est un déferlement de condamnations, de menaces ou d'insultes qui s'abat sur son auteur. Parfois, il s'agit d'une célébrité, et on peut encore se dire que c'est un bienfait, par le biais duquel le public peut dénoncer quelque chose qui aurait été couvert par un entourage médiatique complaisant. À d'autres moments, le sort tombe sur un simple quidam, qui, du haut de ses 100 abonnés, voit soudain le monde entier se déchaîner contre lui.

Jon Ronson a enquêté auprès de ces nouveaux condamnés à mort virtuels. Car, sur Internet, vous ne pouvez pas espérer de rédemption : les moteurs de recherche se souviendront de vous éternellement, surtout si vous étiez anonymes avant l'événement. L'article de presse qui racontera vos mésaventures avec un brin de moquerie et un avertissement de bon ton sur la dangerosité des réseaux sociaux vous collera éternellement à la peau.

Or, si certains ont vu leur vie dévastée (perte d'emploi, difficulté d'en retrouver un, perte de crédibilité dans la profession…) et restent des mois après encore sidérés par ce qu'il leur est arrivé, d'autres ont plutôt bien supportés la vague. Ce qui a amené l'auteur à élargir son enquête vers d'autres victimes de la honte moderne, comme les acteurs pornographiques, ou certains prisonniers américains forcés de porter des pancartes avec leur méfait le long des routes.

Un point intéressant des témoignages est que le refus d'avoir honte a une importance fondamentale : si vous acceptez intérieurement avoir fait quelque chose de mal, il semble que le flot de haine ne s'arrête jamais ; si vous revendiquez haut et fort le droit à avoir des fantaisies sexuelles originales ou de pouvoir faire des erreurs, les critiques tournent court. On peut tirer des parallèles dans l'actualité : Benjamin Grivaux, pour avoir renoncé à sa candidature, voit encore son affaire lui coller à la peau, et ça ne semble pas près de s'arrêter. Pour Jeff Bezos, qui a publié lui-même ses photos intimes après un chantage, l'affaire est déjà oubliée.

« La honte ! » est un livre de journaliste : on se focalisera principalement sur des témoignages, sans forcément chercher à élaborer une théorie complexe à propos des comportements rencontrés. Mais ça ne nuit pas à l'intérêt du livre, bien au contraire. Cela nous permet de réfléchir en profondeur à une situation, et à chercher à savoir ce que l'on aurait fait dans la situation de la victime ou, beaucoup plus probable, dans celle du bourreau. J'en conseillerais la lecture à toute personne un peu (trop) investie sur n'importe quel réseau social. Ainsi qu'aux autres, pour les conforter dans l'idée d'éviter ces endroits à tout prix.
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Jon Ronson n'est pas un journaliste comme les autres. Dans Êtes-vous psychopathe ? (chez l'éditeur Sonatine également en 2017), il investiguait pour tenter de comprendre, avec brio, un phénomène qui semble prendre de l'ampleur dans notre société moderne. le voilà qui se penche sur un autre phénomène, celui du bashing sur les réseaux sociaux (j'utilise volontairement le terme anglais, puisque c'est une « mode » qui s'est propagée dans les pays anglo-saxons, avant de venir faire des ravages ailleurs).

La honte est une enquête particulière parce que le journaliste n'hésite pas à y parler de lui-même et à mettre en doute ses propres pratiques. On est loin de l'investigation formatée. Jon Ronson a un style décalé, bien à lui, fait de rencontres.

Gare à vous si vous êtes un personnage public ou un simple quidam qui veut se croire drôle. L'abîme peut vite s'ouvrir sous vos pieds. Ce livre étonnant est le récit, à plusieurs visages, de ce voyage au bout de l'enfer.

De nos jours, on peut perdre la face (et son travail, et sa vie…) en l'espace de quelques minutes. Être cloué, à la minute, au pilori sur la place publique (qui est désormais le monde dans son intégralité).

Jon Ronson s'appuie sur quelques cas marquants. Des personnes qui ont perdu leur réputation, leur image, et qu'il est allé rencontrer. Des campagnes de dénigrement qui font froid dans le dos (comme l'histoire de cette femme, aux 170 petits abonnés Twitter, qui s'est retrouvée lynchée durant des mois pour une blague de bien mauvais goût, au point de se retrouver au centre du jeu sur Twitter et dans les médias).

L'auteur décrypte un phénomène, sans jamais se faire donneur de leçon (il explique qu'il était lui-même un accro de la critique immédiate sur Twitter, son cas personnel s'insérant dans l'enquête).

Les exemples sont parlants, avec ce décryptage de l'humiliation au présent (mais aussi au passé, pour mieux comprendre le processus), avec un ton empreint de sérieux et d'une certaine forme de dérision cafardeuse.

Le phénomène de honte n'est pas nouveau, mais il prend des proportions inédites avec les réseaux sociaux ; plus grand, plus loin, plus fort. le sentiment de honte guérit plus difficilement que certains sévices physiques.

Ce livre se lit presque comme un roman, mais pourtant c'est la réalité sans fard. L'enquête de Jon Ronson est prégnante parce qu'elle met les personnes au centre, tout en décortiquant les rouages du dénigrement de masse.

La honte est une lecture qui permet de prendre un certain recul face à l'immédiateté des réseaux sociaux. L'auteur, avec sa patte très personnelle, en faisant part de ses doutes et de l'évolution de sa compréhension du phénomène, rend cette lecture aussi addictive que salutaire.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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critiques presse (1)
Bibliobs
14 mai 2018
Dans "La Honte", le journaliste gallois Jon Ronson est allé à la rencontre de victimes de la cruauté des réseaux sociaux. Effrayant.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
En 1961, un jeune homme nommé Frederick Condon avait eu un accident. A l'époque, les arêtes tranchantes et l'absence de ceinture de sécurité dans les voitures étaient considérées comme élégantes. Mais les arêtes tranchantes avaient rendu Frederick Condon paraplégique. Alors son ami - l'avocat Ralph Nader - avait commencé à faire pression pour que les ceintures de sécurité deviennent obligatoires. Suite à quoi General Motors avait payé des prostituées afin qu'elles le suivent dans des magasins - un supermarché Safeway et une pharmacie - et le séduisent dans le but de le discréditer.
« C'est arrivé deux fois, m'a dit Nader quand je lui ai par la suite téléphoné. C'étaient des femmes qui avaient entre vingt-cinq et trente ans. Elles se comportaient toutes les deux avec une grande spontanéité, pas comme des conspiratrices. Elles ont engagé une petite conversation, puis sont passées aux choses sérieuses.
[...]
- Et tout ça parce que vous vouliez qu'il y ait des ceintures de sécurité dans les voitures ?
- Ils ne voulaient pas que le gouvernement leur dicte comment construire leurs véhicules. Ils étaient très libertaires à cet égard, pour dire les choses gentiment. Ils avaient des détectives privés qui me suivaient partout. Ils ont dépensé 10 000 dollars juste pour savoir si j'avais le permis de conduire. Si je ne l'avais pas, ils auraient pu me qualifier de non-américain, vous voyez ? »
Finalement, General Motors avait été forcé d'avouer le complot et de s'excuser auprès de Nader lors d'une audience au congrès. Mais l'incident lui avait prouvé, comme Max le découvrirait par la suite, que dans sa bataille contre les chantres de la sécurité, l'industrie automobile ne répugnait pas à humilier ses opposants pour les contraindre au silence, et que les personnes haut placées étaient prêtes à utiliser ingénieusement l'humiliation comme moyen de gagner de l'argent et comme outil pour contrôler la société. Peut-être ne le remarquons-nous que quand elles le font avec trop d'audace, ou trop mal, comme ça avait été le cas avec Ralph Nader.
(p. 135-136)
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Anna Funder* avait rendu visite à un agent de la Stasi** dont le boulot avait consisté à recruter des informateurs. Elle voulait savoir comment - étant donné que le salaire de ceux-ci était très bas et que la charge de travail croissait constamment à mesure que de plus en plus de comportements étaient considérés comme des activités ennemies - il parvenait à persuader des personnes à les rejoindre.
« La plupart des gens disaient simplement oui, avait-il répondu.
- Pourquoi ?
- Certains d'entre eux croyaient à la cause. Mais je pense que c'était principalement parce que les informateurs avaient l'impression d'être quelqu'un, vous savez ? On les écoutait pendant deux heures chaque semaine, prenant des notes. Ils se sentaient supérieurs aux autres. »
J'ai songé que c'était condescendant de la part de l'officier de dire ça de ses informateurs. Et que ça le serait aussi de le dire des utilisateurs de Twitter, car les réseaux sociaux donnent une voix à ceux qui n'en ont pas (leur égalitarisme est leur plus grande qualité). Mais j'ai été frappé par un rapport qu'Anna Funder avait découvert et qui avait été rédigé par un psychologue de la Stasi chargé d'essayer de comprendre pourquoi ils attiraient tellement d'informateurs de bonne volonté. Sa conclusion :
« C'était le besoin de s'assurer que son voisin se comportait bien. »
(p. 249-250)
_____
* auteur de 'Stasiland', 2003
** service de police politique, de renseignements, d'espionnage et de contre-espionnage de la République démocratique allemande (RDA) créé le 8 février 1950.
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Après avoir mesuré 287 crânes, [Gustave] Le Bon avait révélé dans son essai de 1879, 'Recherches anatomiques et mathématiques sur les lois de variation de volume du cerveau et sur leur relation avec l'intelligence', que les plus gros cerveaux appartenaient bien aux aristocrates et aux hommes d'affaires. Il rassurait le lecteur qui pouvait être inquiet que si « le corps des nègres est plus gros que le nôtre (...) leur cerveau est moins lourd ». Le cerveau des femmes était également moins lourd : « Les cerveaux de nombre de femmes sont plus rapprochés en taille de ceux des gorilles que de ceux des cerveaux mâles les plus développés. Cette infériorité est si évidente que nul ne peut la contester pour un moment ; son degré seul vaut la peine d'être discuté. Tous les psychologistes, qui ont étudié l'intelligence des femmes ailleurs que chez les romanciers ou les poètes, reconnaissent aujourd'hui qu'elles représentent les formes les plus inférieures de l'intelligence humaine et sont beaucoup plus près des enfants et des sauvages que de l'homme adulte civilisé. Elles ont des premiers la mobilité et l'inconstance, l'incapacité à raisonner ou à se laisser influencer par un raisonnement. »
Il concédait qu'il existait bien quelques « femmes distinguées » mais elles sont aussi exceptionnelles que la naissance, par exemple, d'un gorille monstrueux à deux têtes ; par conséquent, nous pouvons les négliger entièrement. »
[...]
« Quand j'écrivais ma biographie de Le Bon, m'a confessé Bob Nye, j'avais le sentiment que c'était le plus gros connard de toute la création. »
(p. 93-94)
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[...] L'économiste-chercheur Jonathan Hersch [...] disait : « Quelque chose dans cette histoire a résonné en eux [les internautes], à tel point qu'ils se sont sentis obligés de chercher son nom dans Google. Ça signifie qu'ils sont engagés. Si l'intérêt pour Justine* était suffisant pour que les utilisateurs restent en ligne plus longtemps qu'ils ne l'auraient fait autrement, ça a dû avoir pour résultat direct plus de revenus publicitaires pour Google. Google a pour devise informelle 'Ne soyez pas malveillants', mais ils gagnent de l'argent dès qu'il se passe quelque chose en ligne, même des trucs moches. »
Faure de meilleures données de la part de Google, il pouvait seulement offrir un calcul 'approximatif'. Mais il pensait qu'il serait assez prudent d'estimer que Justine, en tant que 'requête à valeur basse', avait rapporté un quart de la moyenne. Ce qui signifiait que Google avait gagné 120 000 dollars grâce à sa 'destruction'.
Peut-être que ce chiffre était exact. Peut-être que Google a gagné plus, ou moins. Mais une chose est certaine : ceux d'entre nous qui se sont chargés de l'annihilation n'ont rien perçu. Nous avons été les stagiaires humiliateurs non rémunérés de Google.
(p. 254-255)

* Justine Sacco - cf. cet article :
http://www.lepoint.fr/societe/justine-sacco-histoire-d-un-lynchage-en-ligne-13-02-2018-2194655_23.php
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J'ai [...] demandé sur Twitter : « Twitter est-il devenu un tribunal de pacotille ? »
« Pas un tribunal de pacotille, a répondu quelqu'un assez laconiquement. Twitter ne peut toujours pas prononcer de sentence. Juste des commentaires. Contrairement à vous, Jon, nous ne sommes pas payés pour ça. »
Avait-il raison ? J'avais l'impression que c'était une question qui méritait réellement une réponse, car aucun de nous ne semblait se demander si la personne que nous venions d'humilier, quelle qu'elle soit, se portait bien ou était détruite. Je suppose que quand les humiliations sont administrées à distance, comme des frappes de drones, personne n'a besoin de songer à la férocité de notre pouvoir collectif. Le flocon de neige n'a pas à se sentir responsable de l'avalanche.
(p. 60)
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Vidéo de Jon Ronson
A l'heure où le tribunal devient digital, quel est le prix à payer pour un dérapage ? "La honte" de Jon Ronson, paru aux éditions Sonatine, parle de ceux qui ont vu leur vie détruite en quelques secondes pour avoir écrit de simples bêtises sur le web.
Retrouvez 21CM sur MyCANAL : http://bit.ly/2GBrLtc
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