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EAN : 9782259249683
160 pages
Plon (18/08/2016)
3.77/5   60 notes
Résumé :
Une vague monstrueuse, soulevée par un typhon meurtrier, dévaste les Philippines, emporte des milliers de personnes en quelques minutes et ravage sa myriade d'îles.

Sur l'une d'elles, Madel reprend des sentiments, la jeune journaliste se plonge dans son travail, en équilibre entre information et voyeurisme, quand tous les médias du monde se tournent vers les Philippines.

Recueillir la parole survivante, nouer des liens avec les rescapés... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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La principale réussite de ce premier roman, c'est de ne pas être celui qu'on attend. On appréhende un certain voyeurisme, on craint les effets spectaculaires... on récolte un roman touchant, intelligent, une vision marquée d'une belle empathie. Et grâce à cela, on adhère, on est emporté dans le tourbillon de sensations qui assaillent l'héroïne, on comprend ses doutes, ses questionnements et l'on en ressort considérablement enrichi.

Si l'auteure, journaliste présente aux Philippines lorsque le typhon Haiyan a ravagé le pays s'est inspirée de son vécu, elle n'en a pas moins réussi à prendre le recul nécessaire pour bâtir un contenu romanesque très efficace. Son double littéraire s'appelle Madel, présentatrice sur Phil 24, une chaîne d'information locale, et soudainement prise au piège, comme des milliers de personnes lorsqu'une gigantesque vague emporte tout sur son passage. Autour d'elle des morts, mais aucune trace de son compagnon Jan, ni de l'enfant de la voisine, le petit Rodjun dont elle a lâché la main pendant le chaos. Au milieu de la désolation, Madel suit le mouvement, comme anesthésiée, sous le choc, jusqu'à ce que son patron la rappelle à sa condition de journaliste et l'exhorte à faire son travail malgré tout.

Accompagnée d'Irène, reporter de terrain aguerrie, sorte de baroudeuse caméra à l'épaule qui semble froide, blindée, indifférente aux souffrances qui l'entourent, Madel parcourt les îles et les zones dévastées, récolte la parole des survivants et des proches de disparus qui entretiennent l'espoir. Au fil de son récit et des images que les deux femmes rapportent, le désordre apparaît dans toute son immensité, les drames humains sont aussi multiples que le bilan des victimes qui gonfle chaque jour un peu plus. L'aide qui tarde à arriver, l'erreur dans l'avertissement aux habitants qui prévoyait un ouragan et non un tsunami, les hôpitaux de fortune, les ressources réduites à néant, les avis de recherche, les inscriptions au registre des décès...

Madel est déchirée entre ses sentiments personnels, son implication affective dans le drame (Jan, le petit garçon, ses voisins...) et son devoir de journaliste, celui de témoigner et de le faire en conscience et dans le respect des victimes. Elle est rescapée mais pas indemne. Il est fort possible qu'elle ne puisse plus jamais être la même après ça.

Je parlais d'empathie, et c'est certainement ce qui permet à l'auteure de camper de magnifiques personnages, des figures poignantes qui émergent du chaos : David le médecin, Jack le pompier et tous ces enfants qui malgré le drame continuent à s'inventer des mondes et des jeux. Pour que la vie l'emporte par-dessus tout.

Dans ce roman parfaitement mené, on perçoit de bout en bout l'état d'esprit de Madel et la confrontation de ses deux conditions, celle de femme et celle de journaliste, ce qui rend la lecture passionnante au fil des questions auxquelles elle nous renvoie. Quand l'émotion permet de s'interroger sur le monde, c'est la littérature qui y gagne à coup sûr.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Les mains lâchées" est un récit bouleversant d'une survivante après le déferlement d'un tsunami dévastateur sur l'une des îles de l'archipel philippin.

Alors que Madel, journaliste d'une chaîne télévisée, passe quelques jours dans la maison de son petit ami, chirurgien esthétique, l'île de Leyte est frappée par un typhon tropical d'une force incroyable. On bascule vite d'une vie normale dans une belle maison, qu'on croyait sûre et solide, dans une réalité presque apocalyptique avec la plupart des constructions détruites, des cadavres par centaines et des survivants affamés. Des images d'horreur se suivent dans une narration brute et réaliste livrée par Madel qui, très sollicitée par son employeur, se plonge à corps perdu dans son métier de journaliste. de temps à autre, elle donne la parole aux personnes qu'elle rencontre et son récit est entrecoupé par les témoignages poignants des rescapés.

Ce court roman est un regard sur la fragilité de la vie face à la violence d'un cataclysme naturel et révèle la nature humaine animée par l'instinct de survie dans des situations extrêmes. Ce récit sonne comme un signal d'alarme prévenant des dangers du réchauffement climatique qui est devenu une évidence avec des phénomènes atmosphériques de plus en plus fréquents et de plus en plus violents. C'est enfin une réflexion sur le métier de journaliste, son rôle, ses dangers et sa vocation. Un livre dont les images restent longtemps gravées en mémoire. Un premier roman réussi qui choque et interpelle.
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Certains livres retiennent votre attention tout simplement par le thème qu'ils abordent. C'est le cas de ce premier roman qui raconte le typhon Yolanda qui a frappé les Philippines en 2013 et ses conséquences. S'il m'a autant touché, c'est parce que la fameuse loi journalistique du nombre de morts en fonction de la distance de l'événement n'a pas cours pour moi. En effet, une amie était sur place pour un reportage touristique à ce moment et a partagé l'expérience d'Anaïs Llobet. Tout au long du livre, j'ai retrouvé beaucoup de son témoignage – oui, elle s'en est également sortie – mais surtout cette formidable tension que de tels événements engendrent et combien ils finissent par modifier la perception que l'on pouvait alors avoir de la vie, de la façon dont on gère son quotidien.
Car c'est bien là le vrai sujet de ce livre, au-delà de l'émotion, des images fortes et du bilan très lourd : sept mille personnes tuées, des milliers de blessés, des dizaines de milliers d'habitants ayant tout perdu et un avenir des plus incertains.
Anaïs Llobet a aujourd'hui la distance nécessaire pour éviter les pièges du sensationnalisme ou plus exactement pour nous plonger dans le dilemme de Madel, la journaliste de télévision touchée jusqu'au coeur par ce drame avec, entre autres, la perte de son mari et d'un enfant qu'on lui avait confié, et d'autre part les demandes de sa chaîne de filmer l'horreur, de faire pleurer dans les chaumières.
Car toutes les télévisions n'ont pas cette «chance» d'avoir un reporter d'images sur place et de pouvoir montrer Yolanda, «le typhon le plus puissant ayant jamais touché terre», d'offrir des témoignages de première main, de plonger au coeur du drame. «Pas d'eau, rien à manger, mais du wifi : bienvenue à l'ère moderne des catastrophes.»
À Tacloban, où les vagues successives ont quasiment tout rasé, Madel va se plonger dans le travail comme dans une thérapie. Elle essaie de faire passer sa douleur au second rang, elle tente de partager son malheur avec les autres victimes pour se persuader qu'elle n'est pas la plus malheureuse. Sans oublier l'enquête sur les mesures de prévention, sur la mauvaise évaluation, sur la désorganisation des secours, sur l'administration des morts, sur l'efficacité des secours et le travail de déblaiement et de reconstruction. Sur le temps qui passe et qui est censé refermer les plaies.
Voilà la grande force du roman : il dépasse le cadre du reportage pour décortiquer les états d'âme, pour nous expliquer combien il est difficile de ne pas sombrer dans le voyeurisme et, à l'opposé, combien les fantômes de Tacloban continuent de hanter les nuits de Madel.

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Madel est journaliste à Manille, amoureuse de Jan, elle le suit dans sa ville des Philippines.. Un ouragan est annoncé, dans ces pays-là on a plutôt l'habitude et l'on connait un certain nombre de gestes à accomplir pour se protéger, protéger ses biens, se mettre à l'abri. Chacun s'exécute, et attend que la tempête passe. Mais Haiyan / Yolanda n'est pas un ouragan comme les autres, c'est le typhon le plus terrible qu'aient connu les Philippines jusqu'à présent… 10 morts ? 100 morts ? 7000 morts au moins…impossible d'imaginer, de visualiser ce que représente un tel cataclysme. Les dégâts sont énormes, mais surtout, on trouvera des corps encore pendant des mois après le passage du typhon.
Madel prend Yolanda, comme on l'appelle là-bas, de plein fouet, dans la belle et solide maison de Jan, qui ne résiste pas au tsunami qui suit le typhon. Jan, l'enfant qu'il lui avait confié, et tant d'autres, disparaissent. Madel doit continuer à vivre, à chercher les survivants, à aider les médecins dépassés par la catastrophe, et avant tout, à faire son métier de journaliste dans le feu de l‘action, devenant à la fois voyeur et acteur du drame.
Le livre est construit en alternance de récits, celui de Madel, son expérience, ses doutes, ses atermoiements, ses questionnements.. et celui des Philippins dont elle recueille les témoignages, tous plus terribles les uns que les autres, sur cette fatalité devant un drame qui aurait pu être minimisé si les autorités avaient pris la juste mesure de ce qu'il se passait et protégé les populations dans les zones adaptées. Il se lit comme un récit journalistique, précis, concret sans être morbide, réaliste et parfois dur mais tellement juste, dans la description des sentiments aussi, de ceux qui ont subi et de ceux qui les assistent ensuite.. et comment ne pas craquer, ne pas lâcher, devenir fou, devant les morts qui s'amoncellent, les blessés, les ruines… Premier roman sur un sujet difficile, mais roman indispensable que je vous recommande vivement de lire !

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Premier Roman de Anaïs Llobet jeune Journaliste libère de ces mots sa présence aux Philippines lors du passage du typhon meurtrier Haiyan dévastant le pays en novembre 2013.
Comme un témoignage libérateur de cette tragédie naturelle l'héroïne de Les mains lâchées est comme l'auteur journaliste perdu dans le tumulte de ce tsunami. Loin de notre culture, de notre société la Philippine théâtre de la Nature reine et meurtrière, survit, se désagrège, succombe, agonise dans le cercueil de vase, de boue, ce marécage à la puanteur mortuaire où coule tristement les fantômes des ses habitants fracassés par le destin assassin.
Le titre Les mains lâchées frémit du désespoir de notre jeune femme noyée dans ce typhon avec cette main laissant échappée ce jeune enfant confié par contraignance...Tout le récit refoule cette main lâchée comme un écho lointain venant résonner la faiblesse, la lâcheté, l'amertume, l'impuissance de cette journaliste.
Les dégâts, l'atmosphère, les témoignages emportent ce roman dans une vérité froide, glaçant notre esprit, le bousculant, le dérangeant, le happant lentement vers la noirceur de notre monde fragile d'un caprice climatique .
La jeune femme meurtrie hésite entre son métier et son coeur triste de la perte de son petit ami engloutit par les tourbillons de ce typhon ....
Cette histoire s'égare, s'étiole de mon esprit malgré les mots, l'emprise du sujet et la force du récit comme une onde invisible venant me déstabiliser à contre coeur....une deuxième relecture s'imposera.
Je n'ai pas réussi à être magnétisé par ce roman ...dommage
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Yolanda joue avec la maison comme un chat avec une souris et, un instant, je pense que ça y est, nous nous sommes envolés, nous tournons dans l'oeil du typhon. Le toit craque de partout. D'un coup, les vitres explosent, une noix de coco roule au pied du lit. Lally hurle, pousse la tête de Rodjun sous la couette, pour le protéger des éclats de verre qui volent dans la pièce, comme des oiseaux devenus fous. Un bourdonnement inconnu secoue la maison.
— Madel ! L'eau ! hurle Lally en me montrant le sol. Le bourdonnement continue. Puis, comme si un immense géant assenait une claque à la maison, les murs vacillent. Une vague déferle dans la chambre. Le lit est projeté contre le mur, Lally chute, Rodjun attrape ma main, je sombre.
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Je ne propose pas à Irène de supprimer ces images révoltantes. Nous avons besoin d'elles. Yolanda, avec ses sept mille morts, a tout d'une star médiatique. Pendant encore quelques jours elle saura défier le principe de "mort kilométrique", cette loi tacite du journalisme, selon laquelle la mort soudaine par intoxication alimentaire de notre voisin de cantine nous intéresse davantage que les deux cents noyés d'un lointain paquebot indonésien.
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Il faudrait des tribunaux internationaux pour juger ceux qui n’ont pas su nous protéger de ce raz-de-marée pourtant si prévisible. Je voudrais les mettre sur le banc des accusés, leur demander pourquoi ils n’ont pas su traduire deux mots sui auraient pu sauver tant de vies. Leur crier que c’est leur faute si Jan a disparu, leur faute si Rodjun… et soudain je me souviens de cette petite main que j’ai lâchée. De ce cri d’enfant qui se fait avaler tout seul au milieu d’un immense marécage plein de serpents. Je me dis que je ne suis pas belle à voir, qu’il y a des choses que, à moi, aussi, on ne saurait pardonner si j’étais sur le banc des accusés.

J’arrache un morceau d’écorce au ficus ; sa peau toute douce est encore gorgée de sève, pleine de vie. En contrebas de la colline, de lourdes vagues s’abattent dans un ruminement constant. Le silence des hommes me fait frissonner ; il n’y a que la mer qui parle encore à Tacloban.
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Voilà, c’est ça, le fond de l’horreur. Cette petite flamme d’espoir qui vous lacère le cœur et n’en finit pas de vous ronger l’âme. Et quand on décide d l’éteindre, en la pinçant de nos deux doigts, c’est au prix d’une brûlure qui ne nous quittera jamais. La brûlure de l’oubli.
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Rodjun se réveille, pleure. J’essaie de le rassurer pour ne pas entendre les battements de mon coeur. Un train à toute vitesse est lancé contre nous, il frôle les murs, part puis revient, nous chahute. Yolanda joue avec la maison comme un chat avec une souris et, un instant, je pense que ça y est, nous nous sommes envolés, nous tournons dans l’oeil du typhon. Le toit craque de partout. D’un coup, les vitres explosent, une noix de coco roule au pied du lit. Lally hurle, pousse la tête de Rodjun sous la couette, pour le protéger des éclats de verre qui volent dans la pièce, comme des oiseaux devenus fous.
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