Olivier Barrot présente "La machine d'eau de Manhattan" de E.L. Doctorow.
Bien écrire suppose de fournir des sensations au lecteur - non pas lui apprendre qu’il pleut, mais lui donner l’impression de se mouiller pendant l’averse.
(Coïncidence, Emma Goldman, l'intellectuelle et anarchiste russe née en 1869 à Kowno est morte un 14 mai (1940 à Toronto).
L'orateur prévu n'était autre qu'Emma Goldman. Tateth expliqua avec soin que, en dépit de son opposition totale à Goldman - elle était anarchiste et lui socialiste- il éprouvait le plus grand respect pour son courage et sa sincérité personnels; il avait donc admis l'opportunité d'un accord provisoire entre socialistes et anarchistes, ne fût-ce que pour la soirée, car les fonds recueillis à cette occasion serviraient à aider les ouvriers d'une fabrique de chemisiers, alors en grève, et ceux d'une scierie de McKeesport, en Pennsylvanie, également en grève, et l'anarchiste Francisco Ferrer, qui allait être condamné à mort et exécuté par le gouvernement espagnol pour avoir fomenté une grève générale en Espagne. En seulement cinq minutes, Evelyn fut submergée par la tonifiante terminologie de l'idéalisme révolutionnaire. Elle n'osa pas avouer à Tateh qu'elle avait toujours ignoré qu'il y eût une différence entre le socialisme et l'anarchisme ou que l'idée de rencontrer la scandaleusement célèbre Emma Goldman la terrifiait.
Sa fille avec ses cheveux noirs, son beau-fils, aux cheveux d'étoupe, et l'enfant schwartze , dont il avait la responsabilité légale. Il eut brusquement l'idée d'un film. Une bande d'enfants, tous copains, blancs, noirs, gros, maigres, riches, pauvres, de toute espèce, petits garnements malicieux dont se multiplieraient les aventures drôlatiques dans leur quartier, une société de gamins des rues, comme nous tous, une bande, s'attirant des ennuis par leurs sottises mais s'en tirant toujours. En fait, cette vision donna naissance non pas à un film, mais à plusieurs. Ainsi s'acheva l'ère du Ragtime, dans un souffle puissant de la machine, comme si l'histoire n'était rien de plus qu'un air égrené sur un piano.
Et puis il y avait ce sentiment que l'on éprouve quand on se rend au cimetière en remorquant un corps dans un cercueil: une impatience envers le mort, un désir d'être de retour
à la maison où on pourra retrouver l'illusion que la condition permanente, ce n'est pas la mort mais la vie. (p.79)
Les morceaux classiques ont des rythmes multiples. (Homer)
Il y a de l'art aussi dans les paroles, dit Langley. Les paroles sont presque plus intéressantes que la musique. Elles réduisent les émotions humaines à l'essentiel. Et elles touchent à des choses profondes.
Ainsi passent les gens dans notre vie, et tout ce qu'on peut conserver d'eux c'est le souvenir de leur humanité, pauvre chose capricieuse privée d'empire, comme la nôtre.
Coalhouse Walker Junior se tourna de nouveau vers le piano et dit : "The Maple Leaf". Composé par le grand Scott Joplin. Le plus célèbre de tous les "rags" retentit à travers les airs. Le pianiste était assis derrière le clavier, le buste raide, et ses longues mains noires aux ongles roses faisaient, apparemment sans effort, jaillir des grappes d'accords syncopés et d'octaves bien frappées. C'était une composition des plus robustes, une musique vigoureuse qui éveillait les sens et dont la vitalité ne se démentait jamais. Le petit garçon la percevait comme une lumière effleurant différents points de l'espace, s'accumulant en dessins complexes jusqu'à ce que toute la pièce fût illuminée de sa présence. La musique emplissait la cage de l'escalier et montait jusqu'au deuxième étage où Sarah la muette, Sarah qui ne pardonnait pas, était assise, les mains croisées, et écoutait par la porte ouverte.
Mes souvenirs pâlissent à mesure que je fais encore et encore appel à eux.ils deviennent de plus en plus fantômatiques. Je ne crains rien tant que de les perdre complétement et de n'avoir plus pour y vivre que le désert illimité de mon esprit. Si je pouvais devenir fou, si mon propre vouloir pouvait provoquer cela,peut - être ne saurais- je pas combien je vais mal, combien est affreuse cette conscience qui est irrémédiablement consciente d'elle même.
Avec seulement le contact de la main de mon frère pour savoir que je ne suis pas seul.
Il y a eu un grand fracas, la maison entière a tremblé.Oú est Langley? Oú est mon frère ?......
Une étrange envie de découvrir ce que serait ma vie lorsque je n’entendrais plus rien et que, privé d’image et de son, je n’aurais plus pour m’amuser que ma propre conscience.
J'ai senti battre son coeur. Je me rappelle ses larmes sous nos baisers. Je me rappelle que je la tenais dans mes bras et que j'ai absous Dieu de sa non-signifiance.